lundi 18 mai 2015

Dans tous les sens

Un gilet gris texturé, un peu old time, un peu campagne, un peu chaud manquait à mon dressing, le type de vêtement à enfiler par dessus quand ça meuuuuuule . 14 pelotes 100% pur laine grise d'une marque que je n'aime pas tellement mais avantageuse en prix et en métrage (si j'occulte les nœuds) devaient être transformées, me décidant de mettre le Even Flow de Joji Locatelli sur mes aiguilles.


Pourtant, le tombé des photos 184 autres projets aurait pu me faire renoncer pour cause de poches mal fagotées ou du tombé de bordure un poil cartonné. J'ai tout de même foncé, confiante en l'habileté de Joji Locatelli et parce que j'allais ouvrager en binôme avec ma tricopine Zazie.

Le Even Flow ne se modifie pas aisément. Il est figé par son point fantaisie rythmé sur 4 mailles et 12 rangs, compliquant les ajustements. Cependant, partie d'une taille 42, pensant que je ne mettrai jamais mes deux seins sans frontière dans un 40 pour citer Mauranne, l'emmanchure s'est révélée vraiment trop large. Entre trop et pas assez, j'ai démonté le buste pour réduire en sous-emmanchure de 10 mailles le nombre à apporter, relatif aux mesures du 40. Une pirouette pour retomber sur mes pieds et poursuivre.


La longueur s'adapta bien mieux, en réalisant 2 augmentations de plus pour obtenir les quelques centimètres supplémentaires nécessaires le jugeant trop court, achevant cette partie par un bord de côte 2/2  de 6 cm, qui sied mieux aux longs ouvrages.

Impulsé par un petit dessin de bord de table, une improvisation de bordure verticale en jersey fût tentée pour gagner fluidité, estimant le tombé initial trop cartonné.




 Sans succès, la finition icord rigidifiait trop l'ensemble et privait le modèle de ce petit truc futé nommé "tuck" qui consiste à réaliser des petits boudins pour réduire l'encolure tout en conservant l'ampleur nécessaire sur le devant.


La bordure s'est finalement montée horizontalement, en relevant une maille dans chaque maille lisière (que je ne tricote pas) puis finalisée par 5 rangs de côtes 2/2 et une lisière en maille serrée faite au crochet puisque ni l'icord...


ni l'ourlet tricoté n’empêchaient cette bordure de rouler...


D'ailleurs, ça roulotte encore comme en témoigne cet essai de mise au point photographique non académique.

Et les poches ? J'ai décidé par trois fois de ne pas les faire : horizontalement, elles étaient mal situées puisque j'avais allongé l'ouvrage. L'option de la bordure verticale avec poches verticales ayant été écartée, il ne restait que la possibilité de faire une poche verticale sur une bordure horizontale mais à court de fil, les poches ont été supprimées. Un mal pour un bien ? Beaucoup de grands gilets se détendent aussitôt pourvu de poches.


Il m'aura fallu deux mois pour vaincre la bête, la faute d'avoir emprunté d'abscons chemins de traverse alors que l'évidence était un raccourci. J'aurai pu aussi éviter de m'emballer sur une manche, qui s'est retrouvée de 6 centimètres plus longue que sa voisine de droite, laissant Mademoiselle hilare le temps de remonter l'ouvrage sur les aiguilles pour corriger la boulette.

Je l'ai porté une fois depuis le tombé d'aiguille, au gré d'un frisquet matin de printemps en vélo, à peine fermé par une mini-broche.  Pour avoir quelques autres gilets plus fin de la même trempe, je sais qu'ils ne sont jamais boutonnés. Pourtant celui-là, j'ai eu envie alors, peut être qu'il finira pas avoir une boutonnière unique ou une fermeture éclair. Cette décision se prendra à l'usage.


Pour conclure sur cet ouvrage tout en prenant conscience de ma cruche attitude ci-dessus, j'oserai un conseil et une astuce pour celles qui vont le mettre sur les aiguilles : faire son échiantillon avec le point fantaisie et de le laver afin de constater de la détente de la maille après le bain. L'impression persistante au court de ce travail est de tricoter un petit 36 au lieu d'un 40, c'est assez perturbant ! Techniquement, outre un rabattage de mailles avec la méthode Zimmerman, la bonne idée est de rentrer les fils en séparant chaque brin en deux, façon "toile d'araignée" comme dirait Mamytartine. C'est long mais cela évite les surépaisseurs désagréables.


Somme toute, tricoter à ma sauce ne fût pas des plus évident : à chaque fois, le choix de Joji était le plus judicieux, celui qui utilise le moins de fil, celui fait que la bordure ne roulotte pas trop. Et puis, j'aime infiniment sa manière de penser tricot, de nous faire cumuler les mailles sans monotonie, optimisant toujours le temps passé sur ses ouvrages. Elle a eu presque le dernier mot sur tout et ce n'est pas faute d'avoir essayé de tricoter dans tous les sens autrement mais qu'importe, j'ai un chouette gilet chaud pour l'automne prochain !

3 commentaires:

  1. Il est magnifique mais quel boulot: Outre le point, toutes tes modifications font que j'aurai surement abandonné.
    J'ai un pull de la sorte, gris, fait il y a 35 ans modifié à tord dont je n'arrive pas à me séparer alors que du fait de la modification je ne le porte plus.Il faudrait que je le refasse avec un fil neuf.

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  2. bravo c'est un beau gilet ! mais je n'en aurais pas la patience de faire autant de modifications

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  3. Lalala qu'il est beau cet Even !!! Bravo ma tricopine, beau boulot et tu as vu, malgré tes périgrinations tricotesques, tu m'as battue en vitesse cette fois !!!! :-) Des bises la belle en short !!

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